• Au-delà des mers, on dit qu’il existe un autre monde ;
    Existe-t-il une autre vie ? on n’est vraiment certain que de la perte de celle-ci.
    En vain les gardes frapperont-ils ensuite sur leurs bambous sonores  ;
    En vain les veilleurs du palais régleront-ils la marche de leurs clepsydres.

    Ce jour où les six escadrons mutinés arrêtèrent, tous ensemble, leurs chevaux devant lui,
    Que devinrent les vœux qu’il formait jadis, au milieu de la septième nuit, ce risible pasteur, 
    Qui, durant un demi-siècle, fut le maître de l’Empire , 
    Et ne put même sauver d’une mort violente la femme qu’il aimait ici-bas ?

     


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  •  Le départ des soldats
    et des chars de guerre1Ling ling, les chars crient ; siao siao, les chevaux soufflent ; 
    Les soldats marchent, ayant aux reins l’arc et les flèches. 
    Les pères, les mères, les femmes, les enfants leur font la conduite, courant confusément au milieu des rangs ;
    La poussière est si épaisse qu’ils arrivent jusqu’au pont de Hien-yang sans l’avoir aperçu ;
    Ils s’attachent aux habits des hommes qui partent, comme pour les retenir, ils trépignent, ils pleurent ;
    Le bruit de leurs plaintes et de leurs gémissements s’élève véritablement jusqu’à la région des nuages.

    Les passants, qui se rangent sur les côtés de la route, interrogent les hommes en marche ;
    Les hommes en marche n’ont qu’une réponse : Notre destinée est de marcher toujours.
    Certains d’entre eux avaient quinze ans quand ils partirent pour la frontière du Nord ;
    Maintenant qu’ils en ont quarante, ils vont camper à la frontière de l’Ouest.
    Comme ils partaient, le chef du village enveloppa de gaze noire leur tête à peine adolescente ;
    Ils sont revenus la tête blanchie, et ne sont revenus que pour repartir.
    Insatiable dans ses pensées d’agrandissement, 
    L’empereur n’entend pas le cri de son peuple. 
    En vain des femmes courageuses ont saisi la bêche et conduisent la charrue ;
    Partout les ronces et les épines ont envahi le sol désolé,
    Et la guerre sévit toujours, et le carnage est inépuisable, 
    Sans qu’il soit fait plus de cas de la vie des hommes que de celles des poules et des chiens.

    Bien qu’il se trouve des vieillards entre ceux qui interrogent,
    Les soldats osent exprimer ce qu’ils ressentent, d’un ton violemment irrité ;
    Ainsi donc, disent-ils, l’hiver n’apporte pas même un moment de trêve,
    Et les collecteurs viendront encore pour réclamer ici l’impôt . 
    Mais cet impôt, de quoi donc pourrait-il sortir ? 
    N’en sommes-nous pas venus à tenir pour une calamité la naissance d’un fils,
    Et à nous réjouir au contraire quand c’est une fille qui naît parmi nous ?

    S’il vient une fille, on peut du moins trouver quelque voisin qui la prenne pour femme ;
    Si c’est un fils, il faut qu’il meure et qu’il aille rejoindre les cent plantes.
    Prince, vous n’avez point vu les bords de la mer bleue,
    Où les os des morts blanchissent, sans être jamais recueillis, 
    Où les esprits des hommes récemment tués importunent de leurs plaintes ceux dont les corps ont depuis longtemps péri.
    Le ciel est sombre, la pluie est froide, sur cette lugubre plage,
    et des voix gémissantes s’y élèvent de tout côté.

     


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  • Toi le témoin du combat contre soi-même

              où  à chaque jour suffit sa peine,

              toi l'apéritif des grandes oeuvres humaines,

              des exploits sportifs aux pyramides des pharaons,

              délivre-moi des forces de l'abandon,

              épargne-moi de l'effort vain

              à  courir après le vent

              pour du vent,

              récompense ma sueur

              par l'étincelle de la lueur.

     

     

              Après l'effort, le réconfort,

              mon corps fort de l'embellie,

              fruit du salaire de la sueur

              peut rayonner de bonheur,

              la satisfaction de la mission accomplie.


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  • Tu peux maintenir ma tête dans l'eau,

              humiliation et privation tel est mon lot.

              De ton propre aveu

              tu me cuisines à petit feu,

              encore un effort, juste un peu

              et ce sera le coup de grâce.

     

              Mais ce que tu ne sais pas,

              c'est que j'ai bouffé du lion,

              qu'enfant je suis tombé dans la potion,

              je flotte mais je ne coule pas.

    Les embûches sur mon chemin

              ne sont qu'un tremplin,

              car ma rédemption sera brutale

              et du haut de ton piédestal

              tu vas trembler,

              implorer ma pitié,

              sûr de subir les foudres du lion blessé.

     

     

    Grand seigneur au noble caractère

    je t'apprendrai alors que sur cette terre

              seul l'amour est roi.


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  • Mon bébé sur le dos

    Je vais chercher de l'eau

    Au fond du Marigot

    Sur mes cheveux nattés

    J'ai posé un panier

    Plein de coeurs de palmiers.

    Au soleil il fait chaud

    mon bébé sur le dos

    Dans mon pagne indigo.

     

     

     


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